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Lorsqu’on subit une biopsie, un doute persiste tout au long de l’attente du résultat. Même si ce doute est assorti d’espoir, il n’en demeure pas moins que l’annonce de la présence d’un cancer demeure un choc violent. Ce choc est si intense qu’il ne nous quitte jamais se transformant, par la suite, en phobie de récidive ou d’apparition d’un autre type de cancer.
Suite au diagnostic d’un cancer, la prise en charge médicale est si bien rôdée et efficiente qu’elle nous embrigade dès les premiers instants et nous oblige à regarder droit devant. Durant toute la durée des traitements, étant constamment bien encadré par un personnel enthousiaste et attentionné, il n’y a aucune place pour l’apitoiement.
Toute cette attention ne nous empêche pas de savourer l’annonce de notre congé de l’hôpital ou de la fin des traitements. On a été si bien soigné médicalement et humainement que l’on croît que cela va se poursuivre. SURPRISE ! Dès notre sortie de l’hôpital, il n’y a plus rien. On se sent littéralement abandonné, voire perdu. Certes, on est heureux de retrouver notre entourage mais celui-ci ne peut nous procurer le sentiment de sécurité dans lequel, tout de go, nous nous sommes laissés envelopper.
À la maison, la vie d’avant reprend son cours. Les obligations de rendement au travail sont toujours aussi élevées et, mine de rien, on se les impose. Malgré toutes nos bonnes intentions, on ne change pas tant que çà. Toutefois, notre résistance physique et/ou psychologique est loin d’être la même. Il faut la reconstruire à petits pas, pour assurer notre “survie”. Dans cette foulée, un premier geste à poser consiste à contacter notre médecin de famille pour qu’il puisse assurer le suivi de notre condition.
Par ce geste, qui peut sembler anodin, on démontre à notre entourage qu’on a décidé de se prendre en mains. Il ne faut pas perdre de vue que notre famille a également subit un choc brutal. Elle n’en a glissé mot, étant trop occupée à nous rassurer. C’est notre tour de lui témoigner notre amour, par notre désir de vivre. On n’a pas le droit d’être moins courageux envers elle qu’elle l’a été envers nous.
Se prendre en mains c’est prendre les précautions d’usage pour revitaliser notre système immunitaire, notre forme physique et aller chercher du support quand on en sent le besoin. Se prendre en mains c’est s’aimer pour être mieux aimé.
Quand le moral devient moins courageux, il faut se rappeler cette phrase de Voltaire, cet insolent de marque : “J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé!”
Claude Chicoine, responsable
Groupe de soutien du cancer de la prostate du CHUM
le19 février 2013