ATELIER D’INFORMATION EN VIRTUEL DU LUNDI 12 JUIN 2023
Compte rendu atelier d’information, en virtuel, 12 juin 2023
Présidé par Dr Cédric Charrois-Durand, médecin résident en radio-oncologie et sous la supervision du Dre Guila Delouya, radiooncologue au CHUM et professeure agrégée de clinique, département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire, Université de Montréal, la discussion s’est ouverte à 20 participants.
C’est dans le cadre de la formation-rétroaction des résidents en situation de soutien aux patients dont celui du Groupe de soutien du cancer de la prostate que Dr Charrois-Durand a pris la parole et répondu aux questions des personnes présentes.
Les questions retenues ont porté sur les points suivants:
Comment peut-on qualifier la recherche ici au Québec relativement au cancer de la prostate?
Nous sommes bien en avance et reconnus parmi les leaders dans ce domaine.
En présence d’une récidive, peut-on présumer que les emplacements, où le cancer est réapparu, sont à l’extérieur de la zone préalablement traitée?
Non, car le cancer peut réapparaître dans la loge prostatique ou les ganglions ou ailleurs, c’est au cas par cas.
Qu’est-ce-qui produit le moins de dommages ou d’effets secondaires entre la radiothérapie et la curiethérapie?
Pas vraiment un traitement plus qu’un autre et comme l’a bien expliqué le Dr Charrois- Durand. De façon générale, la radiothérapie externe peut produire des effets comme la fatigue, la diarrhée, du sang dans les selles, la douleur rectale, sensation brûlure dans le rectum ou des fuites rectales ainsi que d’autres effets urinaires comme uriner souvent la nuit ou le jour. Ce sont des effets secondaires potentiels qui peuvent se manifester pendant ou après le traitement. La plupart disparaissent après quelques semaines après le traitement. Il faut tout de même relativiser la probabilité de l’apparition de ces effets secondaires, car pour plusieurs patients, il n’en sera rien.
Concernant la curiethérapie, les effets sont plus au niveau de la prostate ou au niveau de l’urètre, moins au niveau du rectum, même si c’est aussi possible. Il fut discuté des effets qui touchent l’érection mais il faut être prudent par rapport à la relation de cause à effet à ce sujet. Il a été précisé qu’un traitement de curiethérapie seule s’adresse à des cancers peu agressifs.
Un participant se pose la question quand a-t-il lieu d’intervenir avec de la radiothérapie dans le cas de la présence de métastases.
Si nous simplifions la réponse du Dr Charrois-Durand, on peut dire qu’avant tout il faut être en mesure d’en déterminer le nombre et être capable de les voir lors de l’examen prévu à cet effet.
Un participant s’interroge si la curiethérapie ne devrait pas avoir préséance sur d’autres traitements.
En tout temps, le choix du traitement doit être pris de concert avec votre médecin, en pesant les pours et les contres de chaque option de traitement.
Une question fut soulevée par rapport au meilleur outil pour cibler les cellules cancéreuses dans la prostate soit la TEP-PSMA ou une IRM.
Les deux examens ont des forces et des faiblesses particulières. Bien qu’ils ne remplacent pas une biopsie de la prostate, les tests d’imagerie peuvent aider la prise de décision. Le TEP-PSMA est capable de localiser la propagation du cancer dans le corps avec une très bonne efficacité, mais il faut savoir que cet examen n’est pas accessible de façon standard. Pour cibler une lésion particulière dans la prostate, c’est l’IRM qui est encore l’examen de choix.
Qu’en est-il de l’utilisation de "spacers" biodégradables?
Nous comprenons qu’ils sont positionnés entre la prostate et le rectum pour atténuer les effets secondaires de la radiothérapie, qu’ils ont un certain bénéfice, mais qu’ils ne sont pas nécessaires chez tous les patients.
Qu’en est-il du retour à la normal de la testostérone après un traitement d’hormonothérapie?
La testostérone après un traitement d’hormonothérapie peut prendre de 6 mois à un an pour retrouver un taux normal, mais cela varie beaucoup d’un cas à l’autre selon la condition et l’âge du patient.
Qu’en est-il de l’arrivée de nouveaux traitements d’ici 3 à 5 ans?
Il y a beaucoup de recherche en cancérologie et le cancer de la prostate fait particulièrement l’attention de plusieurs études. Nous apprenons qu’un accélérateur linéaire combiné à la résonance magnétique (IRM-LINAC) va éventuellement arriver au CHUM, ce qui permettra des avancées en recherche. Un accélérateur linéaire est la machine utilisée pour faire de la radiothérapie externe, la nouveauté vient du jumelage de l’appareil avec l’IRM.
Compte tenu de toute la recherche en cours et des avancées en matière de traitement, n’aurait-il pas lieu de reporter les traitements pour profiter des avantages de cette recherche?
Le Dr Charrois-Durand a clairement exprimé que la décision revient au patient mais celui-ci doit bien en mesurer tout le risque auquel il s’expose en retardant son traitement, d’autant plus que les recherches en cours n’ont pas de date précise de mise en pratique et qu’on ne peut leur associer une garantie de résultat. Certains patients, dans certains contextes, peuvent attendre avant de débuter un traitement, mais il faut bien discuter des pours et des contres avec votre médecin.
Qu’en est-il de l’alimentation lors d’un traitement de radiothérapie?
On comprend que la radiothérapie peut produire la diarrhée. Il est alors indiqué d’éviter les aliments riches en fibres. Pour diminuer les symptômes urinaires causés par la radiothérapie, il faut diminuer sa consommation de café, d’alcool et de boissons gazeuses. De même, on devrait éviter les concentrés ou les suppléments d’antioxydants.
Qu’en est-il de la probabilité d’avoir un cancer de la prostate métastatique et sa relation avec un score élevé sur l’échelle de Gleason?
Nous comprenons que la majorité des cancers de la prostate métastatiques vont de pair avec des scores de 8 à 10 sur l’échelle de Gleason. Il faut être ici prudent car un score élevé ne se traduit pas automatiquement par un cancer métastatique.
Nous aimerions ici remercier Dr Charrois-Durand et Dre Delouya pour leur participation, pour leur temps et leur enthousiasme car ce fut très apprécié par l’ensemble du groupe et cela démontre la nécessité de continuer ce type de rencontre dans l’intérêt des patients mais aussi du corps médical afin de mieux comprendre les appréhension des personnes atteintes.
Luc Meilleur